Entretien avec Guylaine Girard
Existe-t-il une recette à la performance ? Si oui, comment la trouver ? Est-elle la même pour tous ? Quels sont les apports de la préparation mentale ? Voici les sujets principaux de ce riche échange avec celle qui m’a ouvert les portes de la prépa. mentale.
Blog | Portrait
Quand j’ai commencé la gymnastique j’étais très confiante, j’avais beaucoup de talent. J’ai eu une première compétition qui ne s’est pas du tout bien passé, j’ai fait des chutes, j’ai été surprise et au fil du temps j’ai perdu ma confiance malgré mes bonnes performances à l’entrainement.
A un certain moment dans ma carrière j’ai découvert que c’était mon mental que je devais travailler, ma gestion du stress.
Souvent dans le sport, quand on a une difficulté sur le plan physique, par exemple on manque de vitesse, d’endurance, on sait quoi faire. Quand on a un travail technique on sait quoi faire. En termes de stratégies aussi on a des outils mais au niveau de la préparation mentale souvent on ne sait pas trop. Et on voit plusieurs athlètes perdre leur confiance.
Après ma carrière de gymnastique, j’ai décidé d’aider les gens qui avait du stress, des peurs, de l’anxiété de performance.
Guylaine Girard
Casquettes
- Ancienne athlète de haut niveau (gym, ultimate frisbee)
- Entraîneur d’athlètes
- Préparatrice mentale
- Formatrice et créatrice du modèle 3EES
Ses pépites
- The Art of Mental Training – DC Gonzalez
- Le golfeur et le millionnaire – Marc Fisher
Quand je vivais du stress, mon premier réflexe était d’aller perfectionner mes compétences.
J’essayais de m’améliorer, j’essayais d’apprendre, d’en savoir plus, de plus contrôler, maitriser pour gérer mon stress. Beaucoup de gens ont ce schéma-là. A un certain moment, il faut lâcher tout ça et travailler sur notre état d’esprit et pas seulement ce qu’on fait.
Il faut faire confiance à nos capacités de réaction. Comment est-ce qu’on pourrait faire confiance qu’on va savoir comment réagir dans le moment même si on l’a pas prévu ? Des fois les bonnes intuitions vont venir au bon moment.
Est-ce que l’anxiété de performance que tu as beaucoup traversé s’est toujours manifesté, dans tous tes autres domaines de vie ?
A l’école tout allait bien, je n’ai jamais eu d’enjeu de stress. Un peu de perfectionnisme mais rien d’extrême. Quand on est jeune, notre cerveau vit des situations dont certaines nous font traverser des émotions intenses, des fois inconfortables. A ce moment là, il va enregistrer l’information et la cataloguer comme un danger en se disant « la prochaine fois il faut que tu sois prêt, que tu gardes ça en tête ». Puis cela va ressurgir à certains moment pour nous alerter du danger.
Quand j’étais plus jeune, j’étudiais le piano et j’ai fait mon premier concert. J’étais confiante, tout allait bien et quand je suis arrivée devant les gens … trou noir. Mon cerveau a enregistré cette information là en se disant « la prochaine fois il faudra que tu sois plus prête ». A partir de ce moment j’ai commencé à développer mon perfectionnisme, à essayer d’anticiper les choses. Il m’est arrivé la même chose en gymnastique pour ma première compétition.
Les deux combinés ont amené le fait que lorsqu’il y a un enjeu et qu’il faut performer devant des gens, il y a un danger. Mon corps se contractait et j’oubliais. Et il y avait beaucoup de pensées.
Pour quelqu’un qui pense beaucoup, c’est difficile de se convaincre qu’il faut mettre le cerveau sur off pour performer.
Est-ce que tu as des conseils à donner en termes de gestion du stress ?
Je dirais déjà d’intégrer dans notre quotidien des éléments qui ont tendance à nous stresser. Comprendre ce qui nous stresse puis l’amener dans l’environnement
Puis, se questionner sur :
« Qu’est ce qui me fait réellement peur ? »
« De quoi j’ai peur en ce moment ? »
Quand on est stressé, on fait tout pour s’assurer que ça va bien se passer, on essaye de tout contrôler. On peut se poser la question « Si on perdait le contrôle puis qu’on ne réussit pas, qu’est ce qui va arriver ? ».