Entretien avec Carole Dautremepuits
Que se passe-t-il dans l’esprit d’une ultra-traileuse ? Comment trouver la force de continuer lorsque chaque muscle crie d’arrêter ? Quels sont les défis à surmonter pour atteindre de tels sommets de performance ? Comment la préparation mentale a-t-elle été son alliée, et quels sont les précieux enseignements qu’elle a tirés de ses expériences ?
Blog | Portrait
Qu’est ce que le sport t’apporte ?
Je suis de nature très calme, aszez posée mais j’ai la bougeotte. Je ne peux pas rester toute la journée sur ma chaise. Le sport m’apporte un équilibre physique et mental.
C’est ma manière de me sentir bien, de réaliser des challenges. C’est quelque chose qui est dans ma vie depuis que je suis toute petite.
C’est aussi un moyen de rencontrer du monde, du partage … que des valeurs qui me parle.
Pourquoi t’être intéressée au trail ?
J’ai toujours eu une passion pour la montagne. Avec mes parents on partait faire du ski et de la rando. J’ai toujours été fascinée par ces hauteurs.
J’ai fait un peu d’alpinisme et, commençant à me sentir de plus en plus à l’aise pour courir, j’ai fait naturellement mes premiers trails. Ça a confirmé le fait que c’est l’environnement où je me sens le mieux.
Carole Dautremepuits
- Ambassadrice Salomon
- Finisher T.D.S Utmb 2023
- Ironman x2
- Marathon x3
Pour moi gagner c’est finir. Ce qui compte c’est d’avancer un pas après l’autre.
Comment fais-tu pour muscler ton mental ?
J’ai travaillé sur la préparation mentale avec un ami qui est aussi coach.Ca a commencé en faisant des séances durant lesquelles je rentrais dans une sorte d’état second, où on prend conscience de notre corps et on fait tout le cheminement de la ligne d’arrivée jusqu’au début de la préparation.
Avant un gros évènement, je me renseigne sur la course, je regarde des paysages, je relis les ressentis des coureurs . Je m’allonge, je respire et je m’imagine là-bas passer la ligne d’arriver mais aussi j’imagine les difficultés que je vais rencontrer.
En plus de la visualisation, au niveau du corps, je fais ce qu’on appelle une météo de mon corps. Est-ce que mon corps est plutôt bien, côté soleil ? pas bien côté nuage ? Est-ce qu’il y a un gros orage comme une douleur ? Est-ce que la douleur est supportable ? me pénalise ? Et j’avance étape par étape.
Comment as-tu vécu l’UTMB TDS ?
Cette course a vraiment changé beaucoup de choses.
La préparation s’est bien passée. On sortait de 3 semaines de canicule donc la plus grande crainte c’était d’avoir un manque d’eau pendant la course. Au final on s’est retrouvé avec des conditions dantesques, avec 5°, de la neige en altitude.
Je me sentais bien au départ, j’étais heureuse.
Tu passes deux nuits en montagne, tu ne vois pas où tu mets tes pieds, t’entends les gros patous aboyer, tu ne sais pas si c’est le vide à droite ou gauche. Tu rentres dans une espèce de bulle, vraiment déconnecté de tout. Tu rencontres des gens qui te poussent. Tu te découvres, tu vois que ton corps est toujours capable d’avancer.
(…)
Je n’ai pas eu de gros moments de négatif. A partir du moment où ça glissait vers le négatif, tout de suite je me disais que j’avais la chance d’être là et hop ça repart.
C’est les petites choses bêtes qui font avancer.
J’ai réalisé que j’étais plus forte que ce que je pensais dans la tête et que mon corps était une machine incroyable !
As-tu des conseils à donner à des personnes qui commencent le trail ?
De ne pas avoir peur de la distance. Il n’y a pas de petite distance. Aujourd’hui on a tendance à sous-évaluer ce qu’on peut faire sportivement. Ne pas avoir peur du regard des autres, faire les choses pour soi et petit à petit allonger les distances. (…) Le sport c’est aussi du partage. Il ne faut pas se prendre la tête. On fait ça pour nous et ça nous appartient !
Quels sont tes prochains objectifs ?
Je vais faire l’eco trail de Paris le 16 Mars. Après ça sera l’UTMB à Val d’Aran pour avoir mes points et peut être être tirée au sort en 2025 ! J’ai aussi un projet qui aura certainement lieu en fin d’été prochain. On attend d’avoir plus de certitudes pour pouvoir en discuter.
To be continued …