Entretien avec Antoine Besse
Quelle transformation incroyable se cache derrière le parcours d’Antoine, de joueur de rugby à paratriathlète ?
Quels défis a-t-il dû surmonter pour se hisser vers son objectif ultime : les JO de Paris
2024 ?
Et surtout, quelles leçons de résilience et de détermination peut-il nous enseigner ?
Blog | Portrait
Pourrais-tu te présenter ?
Antoine Besse, je suis paratriathlète. J’ai vécu un accident il y a 7 ans. Je faisais du vélo et je me suis fait fauché par une voiture. J’ai ce qu’on appelle la blessure du motard. Je ne peux plus lever mon bras.
Initialement j’étais rugbyman et je me suis reconstruis dans le paratriathlon.
Ca va faire 3 an ½ que je m’entraine à plein temps et que je fais des grosses courses.
Mon quotidien c’est le sport.
Peux-tu nous en dire plus sur le paratriathlon ?
C’est le triathlon pour les personnes qui ont un handicap. Il y a différentes catégories car les niveaux de handicap sont différents. Moi je cours dans la catégorie des individus ayant un membre touché partiellement. Il y a ceux qui ont un membre touché sérieusement, aussi ceux qui sont en fauteuil, les malvoyants etc.
La paratriathlon ça s’effectue sur un triathlon courte distance : 750 km de natation, 20 km de vélo et 5 km de course à pied.
antoine besse
- 3x champion de France
- 1 victoire en Coupe du monde
- 10 podiums internationaux
Dans le haut niveau, l’idée est d’avoir une exigence élevée mais juste.
Que s’est-t-il passé suite à l’accident ?
J’ai fait une fixation sur le vélo avec lequel j’ai eu l’accident. Ma sœur est allé le récupérer à la casse. Il n’y avait plus de roue avant, la roue arrière était en morceau et le cadre compressé. C’est au moment où j’ai vu mon casque, explosé à plat que j’ai réalisé ce que le mot chance signifiait.
Puis je me suis fait opéré. Aujourd’hui ce n’est pas revenu mais mon biceps remarche.
J’ai eu la chance de rencontrer de gens inspirant comme Yannick Bourseau qui est un paratriathlète avec la même pathologie que moi et qui habitait proche de chez moi.
Un jour je suis allé avec lui aux championnats de France à Montluçon et j’ai pris une petite baffe dans la tronche.
J’ai vu des gars qui ne bronchaient pas et qui faisaient du triathlon plus vite que 95% de tous les gens.
Avant de me faire opérer je suis allé faire mon premier triathlon à Saint-Rémi-Sur-Durolle près de Clermont Ferrand et c’est un de mes plus beaux souvenirs.
Le but c’était de la finir et je savais que si je la finissais quoi qu’il advienne de mon opération j’étais capable de faire un triathlon à un bras.
C’est ce que j’ai fait, je suis sorti dernier de l’eau. Je l’ai fini en 3h3min 52 ce qui n’est pas un temps fou sauf que ça reste un souvenir inoubliable.
Dans cette histoire, je me suis appuyé sur le sport. J’ai mis toute mon énergie dans le triathlon.
Mon entourage m’a aussi beaucoup aidé !
Aujourd’hui à chaque fois que je suis dans le dur, je pense aux mecs que j’ai rencontré qui sont lourdement handicapés et qui se battent comme des dingues.
Qui t’accompagne aujourd’hui ?
J’ai un coach sportif qui gère les 3 sports.
J’ai aussi un coach de natation, un kiné qui gère ma récupération et mon renforcement musculaire, une nutritionniste, une préparatrice mentale, des partenaires d’entrainements.
Est-ce qu’il y a des choses qui te challengent particulièrement dans ton sport ?
Mon handicap fait que je nage à un bras donc dans l’eau je me fais laminer. Mon point fort c’est le vélo.
Aujourd’hui où en es-tu par rapport à ton objectif des Jeux paralympiques et qu’est ce qu’ils représentent pour toi ?
Il y a un système de ranking mis en place pour savoir si on a accès aux Jeux. Je fais partie des meilleurs de ma catégorie et c’est sur que je ferai tout pour avoir mon ticket là bas. Ca représenterait tout un symbole pour moi. Après ça pose la question philosophique d’un résultat. Est-ce que finalement ce n’est pas le parcours qui compte ?
Après c’est unique de vivre ça à Paris. Déjà c’est rare les Jeux mais en plus dans la ville de l’amour !